Il va falloir creuser. Encore, et encore. | Mauricio Valenzuela / AFP
Il va falloir creuser. Encore, et encore. | Mauricio Valenzuela / AFP

Le canal de Panama va-t-il succomber à la sécheresse?

L'infrastructure consomme une quantité exorbitante d'eau douce.

Le 23 mars, l'Ever Given bloquait le canal de Suez, paralysant 9% du commerce mondial pendant près d'une semaine. Un autre canal crucial pour le trafic de marchandises est aujourd'hui en proie à de sérieuses difficultés: celui de Panama, point de passage obligé entre l'Atlantique et le Pacifique.

Ici, point de porte-conteneurs géant coincé en travers du canal. La menace est beaucoup plus insidieuse et structurelle: c'est la sécheresse. À certaines périodes de l'année, les navires en sont réduits à se décharger d'une partie de leur cargaison pour ne pas s'échouer, et ses barrages et écluses sont régulièrement submergés par des tempêtes de sable, relate le Wall Street Journal.

Contrairement au canal de Suez, rempli d'eau de mer et dont le débit est défini par la marée, celui de Panama est une infrastructure complexe qui repose sur l'eau douce pour ses écluses qui servent d'ascenseurs aquatiques.

Or, ce système consomme énormément d'eau. Chaque passage de navire occasionne une perte de 800.000 à 1,3 million de mètres cubes d'eau douce, soit l'équivalent de 500 piscines de taille olympique.

Heureusement, le Panama est le cinquième pays au monde où il pleut le plus. Mais avec le changement climatique, la pluviosité est devenue beaucoup plus instable. Et la pression sur l'approvisionnement en eau s'est intensifiée à la suite des gigantesques travaux d'agrandissement en 2016.

Travaux titanesques

«Le bassin versant du canal de Panama a connu en 2019 sa cinquième année la plus sèche en soixante-dix ans», alerte l'Autorité du canal de Panama (ACP), l'agence responsable de sa gestion. «Cette sécheresse sans précédent a gravement limité les niveaux d'eau des lacs Gatun et Alhajuela, les principales sources d'eau du canal et de la moitié de la population du Panama.»

Cette année-là, l'infrastructure n'a disposé que de 3 milliards de mètres cubes d'eau douce au lieu des 5,2 milliards nécessaires à son fonctionnement normal. En conséquence, l'ACP a dû réduire son trafic (de 32 à 27 passages quotidiens).

En 2020, une taxe de 10% a été instaurée, ce qui risque de nuire à la compétitivité du canal. Jusqu'à récemment, le canal représentait 5% du commerce maritime mondial, mais ce chiffre est aujourd'hui tombé à 3,5%.

«Si rien n'est fait, les niveaux d'eau devraient tomber en dessous des niveaux opérationnels», s'inquiète l'ACP. En 2020, un appel d'offres a donc été lancé pour des travaux titanesques destinés à améliorer la gestion de l'eau.

Ces travaux estimés à 2 milliards de dollars (1,68 milliard d'euros) et prévus pour s'achever en 2028 devraient s'articuler autour de nouveaux barrages et réservoirs, le recyclage d'eaux usées, le détournement d'autres rivières, ou même le pompage et le dessalement d'eau de mer.

Ironie du sort, le mois de décembre 2020 a été le plus humide depuis plus d'un siècle au Panama, obligeant l'ACP à rejeter trois mois de réserves d'eau douce en mer.

«Il y a dix ou quinze ans, le changement climatique était encore une menace lointaine. Aujourd'hui, on est en plein dedans», reconnaît Milciades Concepción, le ministre panaméen de l'Environnement.

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