99,96% de lumière absorbée. À ce niveau d'obscurité, le noir est si noir qu'il ressemble plus à un abîme qu'à une couche de peinture. C'est pourtant ce à quoi sont parvenus les scientifiques de l'entreprise américaine Surrey NanoSystems avec leur matière baptisée Vantablack.
À l'origine, cette matière plus noire que noire constituée de nanotubes de carbone serrés les uns contre les autres avait pour but d'être utilisé sur des satellites. Mais ce noir le plus profond du monde a naturellement aussi attiré l'attention des artistes et des publicitaires.
Le Vantablack est si noir que nos yeux et notre cerveau ont du mal à comprendre ce qu'ils voient. Il donne notamment l'impression qu'un objet 3D est plat. Depuis 2019, plusieurs projets ont tiré parti de cette illusion. BMW a recouvert une voiture de Vantablack, le DJ Français Gesaffelstein a effectué un concert devant un monolithe utilisant le matériau, etc.
Tout ces projets ont collaboré avec Levitation 29 et Production Resources Group, deux agences chargées de trouver des applications au Vantablack dans le domaine du divertissement.
Bientôt plus accessible
Seulement, le problème de la matière est qu'elle est très fragile et coûte extrêmement cher. Leur dernière trouvaille sont donc des tuiles en Vantablack, de 65 sur 130 centimètres environ, pouvant s'imbriquer comme des Lego.
Ainsi, explique Fast Company, il est possible de créer un mur, un plafond ou un cube en Vantablack tout en coutant moins cher que le complexe processus de peinture qui était jusque là nécéssaire.
D'après Benjamin Males, le directeur de Levitation 29, le monde du cinéma a montré un vif intérêt pour sa technologie, notamment afin d'«utiliser ou d'expérimenter avec Vantablack afin de remplacer les écrans verts», utilisés pour les effets spéciaux.
La technologie pourrait aussi être utile aux trucages non numériques, au cinéma ou au théâtre. Un exemple: puisque le matériau rend les perspectives imperceptibles, un acteur debout sur une boîte en Vantablack devant un fond de la même couleur donnerait l'impression de flotter dans le vide.
Les ambitions de Males ne s'arrêtent pas là. «Nous peignons déjà les murs de cinémas en noir, [...] s'ils étaient recouverts de Vantablack, vous pourriez complètement supprimer la perception de leur présence. Vous pouvez concentrer l'attention de l'audience entièrement sur la performance.» Reste à voir si salles et studios jugeront que cette technologie vaudra son prix, qui n'a pas encore été annoncé.