Si pour vous EDF est encore une grosse machine gérant des centrales nucléaires vieillissantes et envoyant des factures d'électricité dix fois par an, il va falloir réviser votre jugement.
L'entreprise publique compte plus de 1.800 personnes travaillant dans la recherche et développement, dont la moitié est située au centre EDF Lab, implanté depuis cinq ans sur le plateau de Paris-Saclay (Essonne). Il constitue le plus grand centre de R&D d'Europe.
L'entreprise y a développé de nombreux laboratoires de recherche en collaboration avec d'autres grands groupes ou des start-ups, sur les usages électriques des bâtiments, les séismes, le solaire ou encore le captage et la séquestration du carbone.
Mais l'un des plus gros défis pour l'électricien reste celui des réseaux intelligents, cruciaux dans le cadre de l'essor des énergies vertes, beaucoup plus instables que les bonne vieilles centrales nucléaires.
Deux technologies sont particulièrement visés, relate Usine Nouvelle: l'intelligence artificielle et l'informatique quantique. «Quels moyens de production allouer, pour combien de temps et à quelle intensité, pour quel coût de production… Cela représente des millions de variables avec, en plus, des ajustements de dernière minute», illustre Bernard Salha, directeur de la R&D du groupe.
L'arrivée massive des véhicules électriques constitue également une opportunité pour l'opérateur. L'énergie des batteries inutilisées par les millions de voitures électriques en stationnement permettrait par exemple de compenser les fluctuations de l'éolien ou du solaire, avance EDF.
Bond quantique
L'introduction de ces nouvelles techniques ne va pas sans son lot de difficultés: les paramètres à prendre en compte sont considérables sans compter la somme des contraintes. Certains facteurs sont tellement complexes que les supercalculateurs conventionnels n'y suffisent pas, explique Stéphane Tanguy, le directeur des programmes de recherche sur les technologies de l'information chez EDF.
L'ordinateur quantique, dont les capacités de calcul dépassent largement celles de l'informatique conventionnelle, pourrait en revanche résoudre de telles équations.
EDF s'est associée à la pépite française Pasqal pour concevoir des algorithmes quantiques et les premiers résultats seraient concluants, avec un premier calculateur expérimental de 200 qubits obtenu en juin 2020.
EDF a par ailleurs monté une équipe d'une dizaine de personnes chargées de plancher sur les nouveaux usages de l'algorithmique quantique, comme le renforcement de la sécurité des centrales nucléaires (qui intègre par exemple les combinaisons possibles de défaillances matérielles ou humaines), la simulation de nouveaux matériaux pour les panneaux photovoltaïques ou les batteries.
Au total, la R&D d'EDF dispose d'un budget de 518 millions d'euros, avec plus de soixante-dix plateformes d'essais, de mesure et de simulation parmi les plus perforamantes au monde, se vante le groupe.
Le savoir-faire d'EDF a longtemps fait la grandeur de la France dans le nucléaire et l'entreprise ne compte pas abandonner dans le cadre de la transition écologique.