Livraison express. | Nicolas TUCAT / AFP
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Fusion nucléaire, ITER contre MIT: la guerre des aimants géants est lancée

Ça avance. Et grâce au MIT, ça va même très vite.

Nous en parlions il y a quelques semaines: produit aux États-Unis par General Atomics pour le compte du projet international ITER, basé dans le sud de la France, à Cadarache, l'aimant géant ou «solénoïde central», destiné à lover le tokamak du réacteur expérimental et à contenir le soleil artificiel qu'il cherche à recréer est arrivé à bon port.

Les scientifiques sont aux anges, et ce qui est souvent considéré comme un graal énergétique semble se rapprocher: après moult retards, qui n'ont rien d'illogiques, dans le cadre d'un projet d'une telle envergure et d'une telle complexité, ITER avance désormais à bon rythme.

«Chaque complétion de ces composants qui constituent une première –comme le premier module du solénoïde central– accroît notre confiance en notre capacité à compléter l'ingénierie de la machine intégrale», a sobrement commenté Laban Coblentz, porte-parole du projet.

Selon les scientifiques, ITER est désormais complété à 75%, et devrait être opérationnel début 2026. ITER ne sera pas exploité commercialement, mais doit servir de terrain d'expérimentation et de «preuve de concept» pour la création d'autres réacteurs à venir –les problématiques environnementales rendent la viabilité de la fusion nucléaire, qui théoriquement peut fournir une énergie propre et quasi-infinie, potentiellement cruciale pour l'avenir de l'humanité.

Mais, au moment où les scientifiques d'ITER commençaient à faire vaguement mumuse avec leur nouveau jouet, dont on dit qu'il est si puissant qu'il est capable de soulever un porte-avions, d'autres fortes têtes, au Massachusetts Institute of Technology (MIT) cette fois, annonçaient également leur propre révolution aimantée.

Demain, ou presque

La start-up, qui a émané de leurs longues recherches, Commonwealth Fusion Systems, a ainsi présenté sa propre version de l'aimant géant destiné à lover le tokamak d'un réacteur de démonstration qu'elle espère mettre en fonctionnement en 2025, et en fonctionnement commercial dès le début des années 2030.

Comme le note Ars Technica, le timing avancé par Commonwealth Fusion Systems est particulièrement agressif. «La vision est simple: la fusion peut-elle être développée à temps pour faire une différence quant au changement climatique?», pose ainsi Dennis Whyte du MIT. «Ça a été conçu pour une utilisation commerciale, pas pour être une expérience scientifique», abonde par ailleurs Maria Zuber, vice-présidente du MIT.

Dans cette quête de l'énergie idéale, le MIT avance effectivement à toute allure. «Le 5 septembre, pour la première fois, un grand aimant supraconducteur a été mis en marche et est monté jusqu'à 20 tesla, le champ magnétique de ce type le plus puissant jamais créé sur terre», explique ainsi fièrement le communiqué du MIT annonçant l'événement.

D'une hauteur de 3 mètres environ et d'un diamètre moitié moindre, conçu pour simplifier son industrialisation, le super aimant du MIT utilise des bobines faites d'un matériau nommé ReBCO, pour «rare-earth barium copper oxide», qui fonctionnent à 20 kelvin.

Sa performance énergétique a pu être comparée à un aimant expérimental conçu par le MIT il y a quelques années, mais utilisant cette fois des bobines plus classiques, non-supraconductrices.

«La différence en termes de consommation d'énergie est stupéfiante. L'aimant précédent, parce qu'il utilisait un cuivre à la conduction classique, consommait environ 200 millions de watts pour produire le champ magnétique requis. Pour cet aimant-ci, on parle de 30 watts: il nécessite 10 millions de fois moins d'énergie pour créer le même champ magnétique», détaille Dennis Whyte à Ars Technica.

C'est tout à fait crucial: l'un des principaux défis de la fusion est –logiquement– de réussir à produire plus d'énergie qu'elle en consomme, et l'aimant du MIT semble aller dans ce sens. Comme à ITER, et malgré les avancées majeures que constituent ces aimants géants, il reste encore de nombreux écueils à régler au Commonwealth Fusion Systems et aux scientifiques du MIT pour atteindre leur but.

Mais la confiance semble solide, et l'espoir se lever: 2025, c'est demain ou presque, et nombre de structures et firmes travaillent en parallèle, partout dans le monde, à surmonter ces derniers obstacles.

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