Adopté en 1992, le format JPEG est aujourd'hui encore le plus utilisé dans le monde en raison de sa large compatibilité et de sa taille réduite. Trente ans plus tard, il n'a toujours pas été remplacé malgré les multiples tentatives comme le JPEG 2000, le HEIC, le TIFF, le WebP ou l'AVIF.
Tous ces formats souffrent d'une perte de qualité à la compression, utilisent des codec non compatibles avec certains logiciels ou offrent des performances améliorées uniquement sur un domaine précis.
Un nouveau format pourrait toutefois réussir là où tous les autres ont échoué: le JPEG XL. «Ce format offre à la fois une haute fidélité (perte d'information minimale à l'encodage) et une grande universalité, prenant en charge les photographies, animations, illustrations, calques, rafales d'images, formats panoramiques et à 360°, et bien d'autres encore», vante le site Petapixel.
Bref, le remplaçant idéal du JPEG pour les photos, mais aussi du PNG pour les illustrations et schémas et du GIF pour les animations. Il permet aussi un encodage et décodage rapide sans devoir recourir à une puce ou un logiciel spécialisé.
«Les pages web actuelles consacrent jusqu'à 60% de leur bande passante aux images. Une réduction de 50% de la taille des fichiers [comme c'est le cas avec le JPEG XL] pourrait donc réduire le besoin de bande passante de 25% à 30%», avance Jon Sneyers, de Cloudinary, une plateforme d'outils digitaux.
Toujours moins pour toujours plus
De quoi réaliser d'énormes économies d'énergie et d'accélérer le temps de chargement des pages web. «Bien que la capacité des disques durs et la vitesse d'internet se soient considérablement améliorées depuis l'adoption du JPEG dans les années 1990, le temps de transfert augmente rapidement en raison des quantités de données toujours plus importantes», renchérit António Pinheiro, de l'université de Beira Interior au Portugal, qui officie au sein du Joint Photographic Experts Group qui gère les normes JPEG.
La réduction de taille des fichiers serait également une énorme aubaine pour les services d'archives photos, comme Facebook ou Google Photos.
Un des principaux freins à l'adoption d'un nouveau standard était aussi la possibilité de migration des fichiers JPEG existants. Un problème résolu par le JPEG XL, conçu comme un surensemble d'images JPEG, préservant tous les outils de codage.
Cela signifie que toutes les images JPEG peuvent être représentées sous format JPEG XL et vice-versa. Surtout, le JPEG XL est open source, ce qui n'est pas le cas du HEIC (réservé à iOS) ou de l'AVIF (sur Chrome et Firefox uniquement).
«Le JPEG XL répond à un large éventail de cas d'utilisation, dont les galeries de photos, le commerce électronique, les réseaux sociaux, les interfaces utilisateur et le stockage dans le cloud», vantent les créateurs du projet sur leur site.
Basé sur un ensemble de quatre normes, le standard JPEG XL pourrait être adopté d'ici la fin de l'année, si aucun obstacle n'est rencontré. «L'adoption du JPEG XL est désormais plus une question politique que technique», résume Jon Sneyers.
Chaque entreprise essaie en effet de promouvoir son propre standard et ne voit pas forcément d'un bon œil l'émergence d'un concurrent, qui plus est gratuit . «Une fois que nous aurons le soutien de la plupart des navigateurs Internet ou des grandes entreprises comme Facebook, tout le monde suivra», veut-il pourtant croire.