On en compte plus d'un millier dans un téléphone, et dix fois plus dans une automobile moderne. Parce qu'on en trouve une grande profusion et que l'Asie est leur principal fournisseur, ces minuscules composants électroniques élémentaires nommés MLCC («multilayered ceramic capacitor», condensateurs céramique multicouches) ont gagné le sobriquet de «riz de l'électronique».
Destinés à gérer les flux électriques au sein d'un appareil électronique, ils sont à la fois de plus en plus miniaturisés et de plus en plus puissants. Les MLCC font partie des briques basiques et invisibles de nos vies modernes sans que, le plus souvent, nous ne remarquions leur existence.
Ils pourraient cependant bientôt briller par leur cruelle absence: comme le note le Wall Street Journal, la résurgence parfois brutale de l'épidémie de Covid-19 en Asie du Sud-Est fait peser un risque de pénurie sur les nombreuses industries qui, de par le monde, en font un usage intensif et permanent –votre iPhone, votre Playstation 5 ou votre véhicule électrique ne peuvent être produits sans eux.
Surtension
À Fukui, au Japon, le géant du secteur, Murata, qui compte pour 40% de la production mondiale, a dû fermer l'une de ses plus grosses usines en raison d'un nombre important de personnels infectés par le virus.
En Malaisie, les unités de production de Taiyo Yuden ne peuvent fonctionner qu'à 80 ou 85% de leur pleine capacité, en raison de l'obligation édictée par le gouvernement local de ne faire travailler que 60% de la force de travail des usines, afin de ralentir la dissémination du variant Delta.
Parce qu'elle souffre de surcroît de diverses complications logistiques, la firme met désormais plus de deux mois, au lieu des quarante-cinq à cinquante-cinq jours habituels, pour livrer ses condensateurs à sa clientèle: en bout de chaîne, un tel délai peut créer d'importantes tensions.
Si la situation est surveillée de près par les industriels, elle semble néanmoins moins les inquiéter que les difficultés liées à la fourniture des semi-conducteurs. Le monde manque cruellement de ces derniers depuis des mois, au point de pousser de nombreuses firmes à fermer certaines lignes de production et à entasser jusqu'à l'infini les véhicules dont la construction n'est pas encore arrivée à son terme.
Une concentration géographique similaire de leur production, et la même flambée du variant Delta devrait tendre un peu plus la situation.
C'est précisément parce que les industriels, échaudés par cette première pénurie, ont ralenti certaines de leurs chaînes que, en cascade, la situation semble pour l'instant moins critique pour les MLCC. Ce «tiz de l'électronique» bénéficie de surcroît d'un nombre de fournisseurs bien plus élevé, et la tension semble plus conjoncturelle que structurelle.