Le rail, c'est écolo. Selon la SNCF, le train émet en moyenne jusqu'à 50 fois moins d'équivalent CO2 que la voiture et 80 fois moins que l'avion. Mais ça, c'est quand il roule à l'électricité (souvent nucléaire). Ce qui est loin d'être toujours le cas, en particulier sur les lignes de banlieue.
Et l'on ne parle pas forcement des vieux tacots. À Londres, par exemple, les nouveaux trains qui viennent d'être achetés par le gouvernement génèrent une pollution «treize fois supérieure à celles de routes les plus fréquentées du centre ville», a calculé une étude du Rail Safety and Standards Board (RSSB), une société qui fédère plusieurs opérateurs.
Ces trains bi-mode roulent en effet à l'électrique entre Londres et Cardiff mais passent ensuite au diesel pour les lignes plus à l'ouest qui vont jusqu'à Bristol, les lignes n'étant pas électrifiées.
C'est bien là que bât blesse: le passage de l'électricité au diesel génère d'énormes quantités de dioxyde d'azotes (NO2) et de particules fines (PM 2,5 et PM 10). «La pollution augmente considérablement lorsque les trains sont dans les tunnels ou tournent au ralenti dans les gares», explique le RSSB dans son étude relayée par le Guardian.
Les chercheurs ont examiné six types de trains et étonnamment, ils ont constaté que les anciens trains entièrement diesel n'étaient pas nécessairement les plus polluants. Le pire niveau de NO2 a ainsi été relevé sur les trains interurbains bi-mode de l'opérateur Great Western Railway (GWR), mis en service à peine deux ans plus tôt.
Le ministère des Transports se veut pourtant rassurant et assure que «la qualité de l'air reste dans les limites légales du lieu de travail». Pour faire bon genre, il a tout de même mandaté des études supplémentaires «pour explorer les modifications et options techniques possibles afin d'améliorer rapidement la qualité de l'air dans les trains et dans les gares».
Pas si vert
Cette affaire met en lumière les fausses promesses écologiques dont se vante parfois le train. Selon un rapport de 2019 de la Cour des Comptes, à peine la moitié des 20.489 kilomètres de voies TER sont électrifiées, et les parties où des trains roulent au diesel sont aussi les moins fréquentées.
Cela aboutit à un rapport émissions par voyageur par km très défavorable, estime l'institution. «Un train TER diesel transportant 10 voyageurs, comme par exemple entre Saumur et La Roche-sur-Yon, émet 539 grammes de CO2 par voyageur-kilomètre, soit une pollution près de cinq fois plus élevée qu'une voiture occupée par 1,9 voyageur», calcule la Cour.
Et ce n'est pas là le seul «coût environnemental caché». Selon un autre rapport de la Cour des comptes, «l'impact de la construction des LGV sur les milieux naturels […] ne diffère pas fondamentalement de celui des autoroutes».
Résultat: il faut minimum douze ans avant que le bilan ne devienne favorable au train par rapport à la route. En comparaison, l'avion ne nécessite lui que peu d'infrastructures: un aéroport pour décoller et atterrir, et le tour est joué. Bien que d'autres problèmes se posent à l'évidence.