Elon Musk voit loin. Trop loin? | Britta Pederson / POOL / AFP
Elon Musk voit loin. Trop loin? | Britta Pederson / POOL / AFP

Conduite autonome, enterrement sur Mars, domination de Tesla: les révélations d'Elon Musk

L'entrepreneur déroule ses folles ambitions à Axel Springer.

En bien ou en mal, parce qu'il semble réussir tout ce qu'il entreprend ou quand ses idées grandioses font des flops, parce que sa parole très libre lui fait commettre des écarts très contestables, parce qu'il pourrait être un parfait méchant dans James Bond ou un héros des écoles pour entrepreneurs, personne aujourd'hui ne fascine plus les foules qu'Elon Musk.

L'homme à la triple nationalité (américaine, sud-africaine et canadienne) a donné une interview au long cours au patron du groupe de presse allemand Axel Springer, Mathias Döpfner. On y apprend nombre de choses importantes sur sa vision de l'avenir de Tesla, sur l'avènement prochain de la conduite autonome ou sur les horizons selon lui très proches de la conquête martienne.

Döpfner note que Tesla, en bourse, est désormais plus grosse que Volkswagen, BMW ou Daimler, grands groupes allemands. Cela donnerait-il quelques velléités d'OPA à Tesla? Pas vraiment, mais des alliances sont envisagées. «Notre approche sera probablement de faire les choses dans l'indépendance. Mais nous pouvons soit fabriquer soit licencier notre technologie à des entreprises comme BMW. [...] Nous allons rendre notre réseau de chargeurs disponibles aux autres constructeurs, nous allons proposer des licences de notre autopilote.»

Quels sont, en termes de volumes, les objectifs de Tesla pour 2030? L'ambition est grande. «Il y a environ 2 milliards de voitures et de camions en circulation dans le monde, et ce chiffre augmente. En interne, nous nous disons que nous aimerions changer 1% de cette flotte globale par an.»

Et Musk de faire le calcul: cela signifie, pour son entreprise, la construction et la vente de 20 millions de véhicules par an. Pour référence, la firme a livré 139.000 voitures lors du troisième trimestre 2020: Tesla monte rapidement en puissance, mais il reste du boulot.

Vers l'infini (et l'au-delà)

Un facteur pourrait accélérer les choses pour Tesla: l'avènement du niveau 5 de la conduite autonome, soit le moment où un véhicule est capable de rouler et de se diriger sans aucune intervention humaine. Elon Musk se dit «confiant à 100%» sur le fait que cette pleine autonomie, qu'il teste déjà en version alpha sur sa propre voiture, sera atteinte dès 2021 –restera alors aux États à l'autoriser sur leurs routes.

Selon lui, l'autonomie complète sera, à terme, un standard logique pour les trajets automobiles. «Les véhicules autonomes seront beaucoup plus sûrs que ceux conduits par un humain, probablement dix fois plus sûrs. Les standards pour qu'une personne obtienne son permis risquent alors d'être beaucoup plus stricts.»

Un peu moins bravache qu'il n'a pu l'être, Musk explique néanmoins que la transition risque d'être délicate. «Il y a un point de transition dangereux. Quand l'autonomie est bonne mais qu'il y a parfois des problèmes, parce que les gens se sentiront trop en confort, et ne feront pas autant attention qu'ils le devraient. 99,9% du temps, il n'y a aucun problème, mais 1 fois sur 1.000, il arrive quelque chose. Il faudra atteindre une fiabilité de l'ordre de 99,9999%.»

D'ici là, Elon Musk aura de quoi s'occuper côté SpaceX, et notamment avec la conquête de Mars, autre des thèmes abordés lors de l'interview. À la fois optimiste et méfiant envers les prouesses technologiques actuelles de l'espèce humaine («Nous arrivons à un point où ce que l'on arrive à faire dépasse notre maîtrise»), il estime que l'être humain posera le premier pied sur la planète rouge «dans six ans, possiblement quatre ans». Une étape logique vers ce qu'il imagine comme l'avenir multi-planétaire de l'espèce.

Lui-même prévoit de voyager dans l'espace, dans les deux années à venir. Il entrevoit même déjà un possible second voyage spatial, cette fois vers Mars. Ce serait pour lui le dernier: Elon Musk émet le souhait d'être enterré sur la première planète colonisée par l'être humain. «S'il faut être enterré quelque part, ce serait cool d'être né sur Terre et de mourir sur Mars –sauf si c'est à l'atterrissage», explique-t-il ainsi.

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