Depuis leur développement au début des années 1990, les batteries au lithium se sont imposées partout et d'abord dans nos smartphones. Trente ans plus tard, un nouveau modèle entend bien détrôner ses prédecesseures, les «solid state batteries».
Norio Nakajima, cadre chez Murata Manufacturing et probable futur président de ce géant nippon de l'électronique, l'explique au Wall Street Journal: «L'objectif final, c'est de remplacer les batteries au lithium-ion de nos téléphones portables par une nouvelle génération de batteries solides.»
Présente dans les pacemakers dès les années 1970, les batteries à l'état solide n'ont depuis cessé de se perfectionner. Leur technologie comporte de nombreux atouts par rapport aux batteries au lithium dont l'électrolyte, la substance conductrice, est liquide et donc potentiellement inflammable. Un problème que connaissent bon nombre de constructeurs de téléphones (souvenons-nous du scandale du Galaxy Note 7 de Samsung en 2016...).
Outre une plus grande sécurité, les batteries solides intègrent des anodes –permettant la circulation du courant– qui peuvent être fabriquées en lithium métal et non en graphite. Un avantage considérable puisqu'en retenant plus d'électrons, ils peuvent emmagasiner jusqu'à 60% d'énergie en plus.
À grande échelle
Le problème des batteries solides est qu'elles restent très onéreuses. Norio Nakajima estime toutefois que le développement massif de cette technologie devrait mécaniquement faire baisser les prix. Les ingénieur·es de son entreprise tablent sur une production de masse dans les deux à trois ans à venir. Chez TDK, autre acteur du secteur qui produit déjà 30.000 batteries par mois, on espère, si la situation le permet, atteindre les 100.000 unités mensuelles d'ici la fin de l'année.
Le Japon n'est pas le seul à développer les batteries solides. Aux États-Unis, la start-up Solid Power a déjà reçu 20 millions de dollars [18,3 millions d'euros] de financement et travaille d'ores et déjà en partenariat avec le géant automobile Ford. Implanter cette technologie dans le moteur des voitures électriques leur permettrait en effet de gagner en puissance ainsi qu'en légèreté.
Le projet d'une voiture électrique fonctionnant grâce à ce nouveau modèle de batterie suscite aussi l'intérêt de Toyota qui, aux côtés de Panasonic, a rejoint une organisation technologique affiliée au gouvernement japonais. Son objectif: atteindre trois fois la densité d'énergie des batteries lithium-ion existantes, pour un tiers de leur coût.