Pour mettre K.O. un maximum de sites internet, les pirates ont habituellement recours à une attaque par déni de service (DDoS), qui consiste à transformer des milliers de machines en zombies qui vont saturer la bande passante.
Il y a aussi l'indéfectible virus informatique, comme le fameux «I Love You» déployé dans les années 2000 et qui a bloqué plus de 45 millions d'utilisateurs et utilisatrices à travers le monde.
Mais quand on n'y connaît pas grand-chose en informatique, ne restent plus que les grands moyens: la bonne vieille bombe. C'est donc vers cette solution que s'est tourné Seth Aaron Pendley, un Texan de 28 ans, arrêté par la police début avril pour un projet d'attentat contre un centre de données Amazon en Virginie.
Dans des conversations enregistrées, l'homme aurait expliqué vouloir attaquer les serveurs web d'Amazon (AWS) qui, selon lui, «fournissent des services au FBI, à la CIA et à d'autres organismes fédéraux, dans le but de faire tomber “l'oligarchie” actuellement au pouvoir aux États-Unis», rapporte un communiqué de la justice relayé par Vice.
Apparemment atteint d'un fort degré de paranoïa et de complotisme, l'homme s'était d'ailleurs vanté sur Facebook d'avoir participé aux émeutes du Capitole, début janvier. Dans des messages privés récupérés par la police, il s'était ainsi targué d'avoir «cassé une fenêtre» et apporté un fusil automatique qu'il avait finalement «laissé dans sa voiture».
Tout casser
C'est l'un de ses amis qui a alerté le FBI sur ses projets fumeux contre Amazon. Ce dernier aurait été alarmé par les messages postés par Seth Aaron Pendley sur MyMilitia.com, un forum où se rassemblent des extrémistes pour ourdir leurs complots.
Sous le pseudonyme «Dionysos», il affirmait vouloir mener «une petite expérience» qui «générerait beaucoup de chaleur» et pourrait être «dangereuse». Quand un autre utilisateur lui a demandé quel était son objectif, Dionysos aurait répondu «la mort», indique le communiqué du FBI.
Après son «attaque» contre le Capitole fin janvier, Pendley aurait commencé à utiliser l'application de messagerie cryptée Signal pour communiquer avec une autre source, expliquant qu'il cherchait à se procurer quatre pains d'explosif pour «attaquer un centre de données d'une grande compagnie afin de faire sauter 70% de l'internet mondial».
Malheureusement pour ce grand projet, celui que Pendley pensait être un fournisseur d'explosifs s'est avéré être un agent infiltré du FBI, qui lui a remis début avril des faux engins, inertes. Il a ensuite été interpellé en flagrant délit.
Même s'il avait fonctionné, son plan n'aurait de toute façon pas «fait sauter 70% de l'internet mondial». Si puissants soient-ils, les centres de données Amazon fonctionnent en réseau et sont répartis dans le monde entier –c'est le principe même d'internet.
«Cela aurait tout au plus ralenti un peu les choses», présume Ingrid Burrington, une journaliste spécialisée, interrogée par Vice. En mars, dernier, l'incendie (accidentel) du datacenter d'OVH à Strasbourg avait tout de même rendu inaccessibles 3,6 millions de sites web. Ces derniers avaient néanmoins pu redémarrer quelques heures après, pour peu que leurs données aient été sauvegardées.
S'il est jugé coupable, Seth Aaron Pendley encourt jusqu'à 20 ans de prison.