Depuis quelques semaines, c'est le branle-bas de combat chez TikTok. Malgré une popularité fulgurante –l'application de partage de vidéos fut, après Zoom, la plus téléchargée pendant le confinement– elle est à présent dans le collimateur des autorités américaines.
L'application est éditée par ByteDance, une entreprise chinoise souvent accusée par les États-Unis de siphonner les informations personnelles de ses utilisateurs et utilisatrices avant de les remettre aux mains des autorités chinoises centrales.
Un fonctionnement qui ressemble à s'y méprendre aux procédés parfois troubles des réseaux sociaux ou des grandes sociétés américaines de la tech, mais qui déplaît beaucoup aux États-Unis dont la guerre commerciale qu'ils entretiennent avec la Chine bat son plein. À tel point que Mike Pompeo, le secrétaire d'État de l'administration Trump, a récemment déclaré qu'il n'excluait pas d'imiter l'Inde en déclarant une interdiction pure et simple de l'application sur le territoire américain.
Depuis, TikTok est aux grandes manœuvres pour sauver sa peau. Dans un entretien avec Axios, le porte-parole de TikTok US Josh Gartner a affirmé que l'entreprise comptait créer 10.000 emplois aux États-Unis au cours des trois prochaines années. Un argument d'autant plus massue que le pays traverse une période de chômage record.
Les emplois se concentreraient en Californie, à New York, au Texas, en Floride et dans le Tennessee, au sein des secteurs de l'ingénierie, des ventes, de la modération et de la relation client. C'est sans compter «l'armée de lobbyistes» destiné·es à mettre de l'eau dans le vin de Donald Trump.
Bye bye ByteDance
Autre promesse, TikTok a annoncé le 23 juillet qu'elle allait créer pour les États-Unis un fond de 200 millions de dollars [un peu plus de 170 millions d'euros] réservés exclusivement à la rémunération des créateurs et des créatrices de contenu sur le réseau social. Une manière de générer des emplois et de se rendre indispensable à la communauté tout en soignant sa popularité.
TikTok réfléchirait à une décisions encore plus radicale: se séparer de ByteDance, sa société mère. Du moins en partie. L'application n'est pas disponible en Chine, où ByteDance opère un réseau social identique appelé Douyin. La société dément stocker ses données dans l'empire du Milieu, mais les autorités d'autres nations s'inquiètent du pouvoir qu'exerce Pékin sur toutes les entreprises présentes sur son sol.
L'idée de ByteDance consisterait donc à ouvrir son capital aux investisseurs américains, dont Sequoia Capital et General Atlantic, et de n'en garder qu'une part minoritaire. Le financement d'une telle opération pourrait cependant achoper sur un obstacle insurmontable: elle coûterait des dizaines de milliards de dollars aux éventuels investisseurs.