Transporter des millions de tonnes de choses diverses et variées sur des milliers de kilomètres. Cette idée était devenue presque triviale, ces dernières décennies, grâce au développement technologique et commercial du fret maritime comme aérien.
Elle a pourtant retrouvé une place centrale dans les réflexions avec une pandémie ayant mis le monde sens-dessus-dessous, des désastres logistiques en cascade remettant l'intégralité du système logistique en cause et, surtout, une urgence climatique imposant de repenser intégralement nos transports si polluants.
La start-up californienne H2 Clipper n'est pas la première à penser à une vieille solution longtemps abandonnée, les dirigeables, pour désengorger les chaînes logistiques mondiales. Pensée par le co-fondateur de Google Sergei Brin, LTA Research planche elle aussi sur un dirigeable géant à hydrogène, capable d'emporter de lourdes charges sur de longues distances et ce, sans émission de CO2, tout comme le très étonnant appareil de la structure russe Aerosmena.
Soutenue par l'incubateur de Dassault Aviation, la promesse de H2 Clipper n'est donc pas inédite, mais elle n'en reste pas moins des plus alléchantes. La jeune pousse souhaite créer une flotte de dirigeables géants à hydrogène dont les caractéristiques ont de quoi faire saliver les logisticiens.
Selon l'entreprise, ses engins propulsés par des moteurs électriques alimentés par de l'hydrogène seront capables de transporter de huit à dix fois la charge du plus capable des avions traditionnels (150.000 kilos dans 7.530 m3), sur une distance allant jusqu'à 6.000 kilomètres.
Si les appareils imaginés par la start-up californienne ne peuvent rivaliser avec un Boeing ou un Airbus en termes de vitesse, cette dernière n'est pas ridicule, avec une moyenne promise de 282 kilomètres par heure.
Trois fois oui, mais...
De quoi faire des économies, sans doute le point le plus crucial du projet avec l'absence d'émission de CO2, du moins dans le cas de l'utilisation d'un hydrogène décarboné: H2 Clipper promet un fret quatre fois moins cher que le prix habituel, qui par ailleurs a explosé ces dernières semaines.
Cerise sur le gâteau: les appareils de la petite firme pourraient permettre de très larges économies de temps et d'espace, grâce à leur capacité à décoller et atterrir verticalement: les infrastructures nécessaires à leurs opérations pourraient donc être bien plus minimales que les ports et aéroports géants croulant actuellement sous le fret.
Comme le note New Atlas, il y a néanmoins un gros hic, un «éléphant dans la pièce» pour reprendre l'expression anglaise: l'hydrogène que songe à utiliser H2 Clipper pour également gonfler et faire s'envoler ses dirigeables est interdit dans cette utilisation, tant en Europe qu'aux États-Unis, pour des raisons historiques de sécurité.
Les régulations pourraient néanmoins évoluer, expliquent les dirigeants de la start-up, tout comme certains scientifiques et ingénieurs. En particulier si une structure obtient les fonds suffisants pour prouver la pleine sécurité de son concept dans les airs, comme il l'a été dans l'automobile notamment. Et si cette entreprise était H2 Clipper?