Photo non contractuelle. | Guy Croisiaux via Unsplash
Photo non contractuelle. | Guy Croisiaux via Unsplash

C'est (presque) officiel: l'Ukraine attend désormais ses F-16

Le dernier des tabous pourrait très vite sauter.

Après les chars lourds de combat, avec les annonces en cascade le 25 janvier de l'envoi de Leopard 2 et d'Abrams par les États-Unis ou les pays européens, c'est sans doute le dernier des tabous dans l'aide militaire de ses alliés à l'Ukraine.

La fourniture par l'Occident d'avions de combat à Kiev, et de la multiplicité d'armements à plus ou moins longue portée qui peuvent leur être adjoints, est peut-être ce qui fera la plus grande différence dans la défense de l'Ukraine contre son agresseur russe –ce qui, aussi, peut provoquer l'ire la plus violente de Moscou.

La maigrelette mais vaillante armée de l'air en jaune et bleu et ses héroïques MiG-29 ont réussi à tenir en respect sa réputée puissante homologue russe, lui faisant même craindre pour ses atouts les plus modernes et érodant sa puissance sur le long terme.

Mais alors que les grandes offensives au sol se préparent et que le pays en entier reste à la merci des missiles envoyés en masse par Moscou, souvent par des bombardiers volant dans l'espace aérien biélorusse ou russe, c'est l'une des plus vieilles des requêtes du président Zelensky et de son administration: envoyez-nous des avions.

Un an plus tard, il semble que les choses se précisent, et de manière plutôt rapide. The War Zone rapportait ainsi il y a peu les propos du porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne, qui a expliqué que les choses étaient déjà bien engagées, et que la prochaine réunion de Ramstein pourrait à ce titre s'avérer décisive.

«Nos pilotes militaires sont allés aux États-Unis, des fonds ont été alloués pour leur entraînement, a ainsi déclaré Yuri Ignat à l'organe officiel ArmyInform. Le type d'avion qui sera probablement fourni à l'Ukraine et les conditions de l'entraînement de nos pilotes ont déjà été déterminés.»

S'il ne précise pas de quel type d'avion il s'agit, le secret est partiellement de polichinelle et tout semble pointer vers le F-16 –du moins dans un premier temps. Un peu plus tôt dans la semaine, les Pays-Bas se disaient prêts à fournir quelques-uns de ces «Fighting Falcons» à l'Ukraine si elle en faisait la demande officielle.

Le 25 janvier, le constructeur du F-16, Lockheed Martin, indiquait de son côté être en capacité de fournir rapidement à l'Ukraine des appareils, si la décision venait à être prise par les alliés de Kiev. Frank St. John, «chief operating officer» de la firme, affirmait ainsi qu'«il y avait beaucoup de discussions en cours» quant à l'éventuelle livraison d'aéronefs de seconde main.

Selon lui, et comme l'a rapporté le Financial Times, Lockheed Martin s'apprêtait à «augmenter sa capacité de production de F-16 à Greenville, afin d'être en capacité d'appuyer tout pays décidant de procéder à un transfert dans le cadre du conflit en cours».

Le même jour, décidément décisif pour les annonces de transferts d'armes à l'Ukraine, l'ambassadeur américain auprès de l'OSCE, Michael Carpenter, déclarait que le pays qu'il représente appuierait la procédure de transfert de F-16 à Kiev si elle venait à être déclenchée.

Faucon, vrai atout

Si tout pointe vers le F-16, et alors que nombre d'autres options sont sans doute étudiées en parallèle, y compris françaises, c'est que l'aéronef dispose précisément des mêmes avantages que le Leopard 2, le char lourd que l'Europe s'apprête à envoyer en masse à Kiev.

Bien que vieillissant, l'aéronef reste hautement capable et serait un apport de poids face aux jets et bombardiers russes. Selon Yuri Ignat, deux escadres de douze F-16 suffiraient à Kiev pour faire la différence dans les cieux du pays.

En outre et peut-être surtout, le F-16 est très largement disponible, voire omniprésent et plutôt facile à trouver sur le marché de l'occasion pour quiconque s'en donne les moyens. L'un des appareils les plus largement vendus au monde, le F-16 est opéré par des dizaines d'armées de l'air qui, souvent, cherchent à le remplacer par des chasseurs plus récents comme le F-35 –c'est le cas des Pays-Bas, par exemple.

Toute chose étant relative par ailleurs, fournir les appareils et l'indispensable logistique qui doit les accompagner pourrait être plutôt simple. Reste la question, plus complexe, de l'entraînement des pilotes ukrainiens à un appareil qu'ils ne connaissent pas. Être formé et efficace sur un nouvel avion de chasse ne se fait pas d'un claquement de doigts.

Et si les pilotes ukrainiens ont souvent expliqué que quelques semaines seulement leur suffiraient pour commencer à être à l'aise sur leurs nouvelles montures, le processus d'apprentissage et d'entraînement peut plutôt prendre plusieurs mois, raison pour laquelle des élus américains réclamaient de prendre de l'avance en la matière dès l'été 2022.

Nul ne sait si cette initiative a été suivie d'effet. Cela n'a du moins pas été le cas officiellement, mais il n'est pas impossible que des pilotes ukrainiens aient commencé à recevoir quelques leçons, aux États-Unis ou ailleurs, leurs homologues volant sur F-16 en Roumanie ou en Pologne ayant pu discrètement commencer à transférer un peu de leur savoir.

Il y a quelques jours, un colonel américain à la retraite et ancien diplomate au Kosovo, Jeffrey Fischer, suggérait que l'Ukraine pourrait également faire appel à une troupe de pilotes mercenaires pour piloter les F-16 que d'autres nations lui confieraient.

Les États-Unis ont commencer à confier à des firmes privées le rôle d'«agresseur» d'escouades servant à l'entraînement de ses pilotes officiels, comme les sociétés privées Draken International ou Top Aces, cette dernière étant d'ailleurs déjà équipée de F-16.

Comme le révélait récemment Intelligence Online, information reprise par de nombreux médias –Le Monde notamment–, les jeunes retraités des armées de l'air occidentales font un riche vivier de talents dans lequel d'autres institutions, comme l'armée de l'air chinoise, n'hésitent pas à piocher pour former leurs propres élèves.

L'idée tient bien sûr du fantasme mais, sur le plan pratique, la renaissance en Ukraine d'un corps de volontaires des airs comme les mythiques Tigres volants n'est pas tout à fait impossible. Misons plutôt sur des pilotes officiels décollant officiellement sur des F-16 qui leur ont été officiellement offerts par des alliés officiels: cela pourrait arriver plus vite qu'on ne le croit.

En ce moment

🔫Choisir entre TikTok et les munitions ☠️Une unité russe annihilée huit fois 🫧Les pieds nickelés américains en Ukraine: l'hebdo de korii.

Et Cætera

🔫Choisir entre TikTok et les munitions ☠️Une unité russe annihilée huit fois 🫧Les pieds nickelés américains en Ukraine: l'hebdo de korii.

Dix (courts) articles pour chasser l'ennui de votre dimanche et prendre de l'avance sur le monde.

🎮La géniale Steam Deck de Valve 🃏52 cartes pour sauver des vies en Ukraine 💎De délirantes locations d'ultra-luxe, hier sur korii.

Et Cætera

🎮La géniale Steam Deck de Valve 🃏52 cartes pour sauver des vies en Ukraine 💎De délirantes locations d'ultra-luxe, hier sur korii.

Quatre articles pour prendre de l'avance sur le monde.

Des locations de luxe sans engagement, ni préavis, ni limite: bienvenue chez les ultra-riches

Biz

Des locations de luxe sans engagement, ni préavis, ni limite: bienvenue chez les ultra-riches

Quand on a de l'argent, il n'y a plus d'engagements (ni de décence).