Mi-avril, l'Ukraine parvenait à frapper le Moskva, vaisseau amiral russe dans la mer Noire d'un missile Neptune, et à l'envoyer par le fond. Ce qui ne pouvait alors pas arriver arriva: selon un article de l'Ukrainian Pravda, repris notamment par The War Zone, il a fallu un miracle météo pour que les troupes de Kiev réussissent ce coup de maître, l'un des plus spectaculaires de la guerre en cours.
Le site américain émet quelques doutes quant au récit, passionnant et assez fou, proposé par les multiples sources interrogées par la Pravda ukrainienne. Il est ainsi expliqué que d'autres missiles Neptune avaient déjà été envoyés en direction de navires russes en mer Noire, mais qu'ils avaient jusqu'ici été interceptés par les défenses antiaériennes ennemies.
Mais le 13 avril, le radar d'une batterie de Neptune détectait la présence dans la mer Noire d'un objet massif, mouillant à 120 kilomètres environ. La taille de la chose ne laissait a priori aucun doute: il s'agissait d'un navire russe, et la décision a été prise de procéder au lancement du projectile.
Mais cette détection était tout à fait improbable, presque impossible. «Du fait de la présence d'une couverture nuageuse dense au-dessus de la mer, le signal du radar a pu se refléter du ciel à la mer, puis de la mer au ciel», suggère une source à la Pravda ukrainienne.
«Au moment de l'invasion, nous n'avions pas de radar capable d'une telle portée, et les Russes le savaient. Mais parce que les nuages étaient si bas et que ce couloir entre le ciel et la mer ne pouvait mener nulle part, le radar a de manière inattendue détecté le Moskva», est-il ajouté.
Inconscients
Les Russes se croyaient à l'abri; il ne l'étaient pas. Dans un climat qui semblait rendre toute attaque encore plus improbable, ils étaient si sûrs de leur sécurité que les systèmes de détection et de défense antiaérienne du navire avaient été désactivés, explique l'article de la Pravda. Après tout, pourquoi craindre une chose qui ne peut pas arriver?
Parce qu'elle peut arriver, justement, contre toute attente, et que l'improbable n'est pas l'impossible. Une fois miraculeusement repéré par les radars ukrainiens, deux missiles Neptune ont été tirés vers le Moskva. Il leur a fallu six minutes pour atteindre leur cible, sans défense.
Un second miracle météo s'est alors produit: une tempête s'est levée sur les lieux du drame qui fit probablement plus de 200 victimes, et qui fut l'un des premiers à jeter une lumière crue sur les méthodes douteuses des armées russes vis-à-vis des familles des victimes.
Le temps était si mauvais que l'Ukraine n'a pas pu faire décoller de drone pour aller vérifier la réussite ou l'échec des missiles Neptune tirés. Cette tempête était aussi suffisamment remuante pour empêcher d'autres navires russes de venir secourir assez rapidement le Moskva et ses marins qui étaient encore en vie.
Ce n'est que le lendemain, alors que les éléments s'étaient calmés, que les Ukrainiens ont pu vérifier la réussite de leur opération surprise. Malmené par une mer mauvaise et tandis qu'il était remorqué vers la côte pour être sauvé, le Moskva avait fini par couler, à jamais.