Depuis le début du conflit, le Bayraktar TB2, drone conçu par la firme turque Baykar, son usage tactique remarquable par les forces ukrainiennes et les vidéos spectaculaires de ses victoires, distillées avec soin par Kiev pour amplifier la propagande et soutenir le moral du pays, volent la vedette à tous les autres appareils utilisés des deux côtés –la Russie, en la matière, certes déçoit mais n'est pas totalement dépourvue.
La popularité du Bayraktar TB2 est telle que des chansons lui ont même été dédiées. Ce pourrait bientôt être également le cas de son petit frère, le Bayraktar Mini, dont les forces ukrainiennes ont commencé à faire usage, au grand dam des troupes russes probablement affolées de ne pouvoir trouver de sécurité nulle part.
C'est précisément ce que montre la vidéo assez extraordinaire visible ci-dessous, exemple parfait de la manière dont le Bayraktar Mini peut être utilisé sur le champ de bataille.
Un soldat russe court, paniqué et poursuivi par l'un de ces petits engins vers lequel il se met d'ailleurs à tirer, avant de retrouver son unité. Unité dont le drone a donc découvert les coordonnées précises, permettant à l'artillerie ukrainienne d'ajuster son tir.
Incredible footage of a Ukrainian drone chasing a Russian soldier back to his unit. Who begin shooting at the drone. The positions is later hit by Ukrainian fire (next tweet) pic.twitter.com/t4mI088jTk
— Woofers (@NotWoofers) April 7, 2022
Multiplicateur de force
Le qualificatif de Mini va bien à ce petit frère plus rustique, mais pas moins diabolique, du Bayraktar TB2. Les deux appareils ne font pas la même taille. Si le TB2 a besoin d'une piste pour décoller et atterrir, le Mini peut être lancé de tout endroit par son opérateur, rendant son utilisation extrêmement souple.
Il n'a rien d'une nouveauté: son premier vol remonte à 2006, et il a été déclaré opérationnel par la Turquie un an plus tard. Le Qatar, comme Ankara bien sûr, ont fait partie des premiers clients de l'engin; la Libye et désormais l'Ukraine sont les deux autres nations où son usage a été confirmé.
Depuis 2006 et comme l'explique le site spécialisé Oryx, il a constamment été amélioré pour présenter des caractéristiques techniques et tactiques de plus en plus intéressantes.
Le variant D permet ainsi une communication sur 30 kilomètres, est capable de voler à une altitude de 1.200 mètres et dispose d'une endurance de vol de 120 minutes. Un parachute permet aux soldats opérant la chose de la récupérer une fois sa mission achevée.
Avec notamment les «drones kamikazes» américains Switchblade bientôt envoyés par les États-Unis et au maniement desquels des militaires ukrainiens sont partis s'entraîner outre-Atlantique, le Mini Bayraktar est décrit par Oryx comme un «force multiplier», ou «multiplicateur de force».
Le bon usage sur le terrain de cet œil omniprésent, en particulier pour déterminer les positions des unités ennemies à viser, démultiplie l'efficacité des éléments au sol, dont l'artillerie. C'est, en partie mais pas seulement, ce qui a permis à l'armée ukrainienne de repousser l'assaut russe, pourtant musclé et bien doté, sur le nord du pays, et de faire chuter le moral de l'ennemi.