La centrale nucléaire de Zaporijia, en territoire ukrainien contrôlé par les forces russes, l'une des plus grandes en Europe, est depuis quelques semaines au cœur de vives inquiétudes. Les Ukrainiens accusent les armées russes de l'utiliser comme bouclier et comme base militaire, quand, à l'inverse, Moscou accuse Kiev bombarder la centrale.
Menés par leur patron Rafael Mariano Grossi et malgré les bombes qui continuaient à tomber dans les environs, des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont fini par avoir accès, début septembre, aux installations atomiques de Zaporijia.
Reposting this with some clarifying language. Based on archival footage, this video appears to show at least five apparent Russian military trucks inside Ukraine's Zaporizhzhia nuclear power plant, specifically the engine room with the turbo generator. https://t.co/Xf6YodVUFT
— Christiaan Triebert (@trbrtc) August 18, 2022
‼️According to @thisisinsider, russian invaders are storing equipment directly next to reactors of the #Zaporizhzhia nuclear power plant, even hiding armored vehicles and supply trucks in the power plant's engine rooms. Mines are set up all around and inside the NPP. pic.twitter.com/b6LMuYiwTJ
— ZMiST (@ZMiST_Ua) August 6, 2022
Après la révélation, début août, d'images semblant confirmer la présence de matériels militaires russes au sein même de la centrale, ce que les agents de l'AIEA ont découvert n'a rien de rassurant –et l'on s'étonne moins que les populations environnantes aient été livrées en pastilles d'iode.
Avant d'annoncer que quelques membres de ses équipes resteraient sur place pour surveiller la situation, Rafael Mariano Grossi a ainsi expliqué que «l'intégrité physique de la centrale» avait été «violée» à plusieurs reprises.
Des images satellites publiées quelques jours plus tôt, montrant des impacts de projectiles sur le toit des installations, confirmaient que les installations nucléaires –régulièrement déconnectées du réseau électrique, ce qui n'est pas sans poser de problèmes de sécurité– s'étaient effectivement retrouvées sous les bombes.
I am finishing my first visit to #Ukraine’s #Zaporizhzhya Nuclear Power Plant.@IAEAorg is here to stay and will maintain a continued presence at #ZNPP. pic.twitter.com/k4zO3IMe2I
— Rafael MarianoGrossi (@rafaelmgrossi) September 1, 2022
New @Maxar images confirm the previous geolocation of impacts to the roof of "Special Building 1" at Zaporizhzhia NPP.
— Oliver Alexander (@OAlexanderDK) August 29, 2022
These images show that there are in fact 3 distinct holes in the roof as a result of impacts and not just one https://t.co/smjDAgbsYf pic.twitter.com/rj7VhEJPWb
U-turn
Mais quelles bombes? Lancées par quel camp? C'est là qu'intervient un drôle de bonhomme, Renat Karchaa, un expert nucléaire russe pour Rosatom croisé par les inspecteurs de l'AIEA, auxquels il a tenté d'expliquer que l'armée ukrainienne était responsable des bombardements.
Des images moqueuses, postées ce premier week-end de septembre sur les réseaux sociaux, montrent ainsi l'homme décrire, avec de grands gestes quasi comiques, la trajectoire miraculeuse de l'une des roquettes tombées près de la centrale et n'ayant pas explosé à l'impact.
Russian propagandist showing the IAEA inspectors how "Ukrainian" shells make miraculous U-turns. pic.twitter.com/6ZOn73bTeq
— Jay in Kyiv (@JayinKyiv) September 2, 2022
Journalists found out that the rosatom guy who tried to convince IAEA that the missile turns 180' before landing has a vivid prof. life. He was an "MP" of "Abkhaziya parliament", "election observer", "expert on Caucasus" & worked in Sukhumi monkey nursery. These ppl seized #ZNPP pic.twitter.com/rid26lOkXJ
— Olena Halushka (@OlenaHalushka) September 4, 2022
«Elle venait de là-bas, et c'est la direction de Nikopol», aurait ainsi déclaré Renat Karchaa aux personnes présentes, selon le Telegraph, pointant ainsi une zone voisine, sur l'autre rive du fleuve Dniepr, encore sous contrôle ukrainien. «Elle a opéré un demi-tour. C'est-à-dire qu'elle a atterri, puis a tournoyé sur elle-même», aurait-il poursuivi, décrivant ainsi la trajectoire la plus invraisemblable depuis la «balle magique» ayant tué John F. Kennedy.
Sans cet incroyable 180 degrés, la roquette apparaît bien évidemment comme ayant été tirée depuis des positions contrôlées par les Russes, ce qu'ont confirmé au quotidien britannique des membres du personnel de la centrale encore sur place.
Mais au-delà de cette propagande plutôt risible, il semble que les canons et missiles ukrainiens ne sont pas non plus totalement silencieux dans la région. Vendredi 2 septembre, le pays admettait ainsi, dans l'un de ses points militaires réguliers, avoir frappé des positions russes à Energodar, à proximité d'une centrale atomique dont la sécurité n'est décidément pas assurée.