L'OTAN, c'est regarder ensemble dans toutes les directions. | Staff Sgt. Jessica Smith / U.S. Marine Corps via Dvids
L'OTAN, c'est regarder ensemble dans toutes les directions. | Staff Sgt. Jessica Smith / U.S. Marine Corps via Dvids

Des représailles à l'«interdiction»: comment l'invasion de l'Ukraine a transformé la doctrine de l'OTAN

Le Kremlin n'a qu'à bien se tenir.

C'était et cela reste l'une des justifications avancées par le président russe Vladimir Poutine pour défendre son invasion à grande échelle de l'Ukraine, ou par ses soutiens internationaux pour, d'une certaine manière, l'excuser: menacée par un encerclement des nations membres de l'OTAN, la Russie n'aurait finalement cherché qu'à se défendre et à garantir sa sécurité, présente comme future.

Pour le maître du Kremlin, c'est raté –et de beaucoup. En envahissant ce qu'il restait à envahir de son voisin, agressé dès 2014, il a donné un vif coup de fouet à l'organisation et aux nations qui la composent. L'OTAN est désormais riche d'un membre de plus, la petite mais puissante Finlande, avec qui la Russie partage des centaines de kilomètres de frontière, et pourrait sans doute l'être bientôt d'un autre, la Suède, où les troupes du groupe s'entraînent actuellement.

Mais les bouleversements au sein de l'organisation vont beaucoup plus loin que de simples adhésions, comme l'explique en détails un passionnant article du New York Times. Le quotidien américain décrit ainsi une véritable révolution doctrinale pour l'OTAN, entamée dès 2014 et la prise du Donbass et de la Crimée. Un complet changement de paradigme: l'organisation est en train de passer d'une dissuasion dite par représailles («deterrence by retaliation») à une dissuasion par interdiction («deterrence by denial»).

Dans le passé, l'idée était de prévenir Moscou qu'en cas d'attaque, la nation agressée se débrouillerait seule dans sa défense avant que ses alliées au sein l'organisation, avec l'activation de l'article 5 de la charte, ne viennent l'aider en masse à bouter l'envahisseur hors de son territoire.

Mais dès les premiers jours et semaines de l'invasion de l'Ukraine, les multiples crimes et massacres commis par les armées russes ont convaincu les pays les plus proches de la Russie –la Pologne ou les États baltes– qu'ils devaient non pas faire comprendre à Moscou qu'une invasion aurait des conséquences, mais qu'elle lui était plus simplement interdite, sous peine d'un échec cuisant et immédiat.

À l'Est, tout est nouveau

Pour cela, un net renforcement du front est de l'OTAN était nécessaire et est encore en cours. D'abord au sein des pays membres eux-mêmes: la Pologne a accéléré la constitution de l'une des plus puissantes armées d'Europe (comme de l'organisation) en consacrant 4% de son PIB à sa défense, et l'Allemagne a bouleversé sa politique de défense, là encore avec des investissements massifs dans la chose militaire.

Au niveau de l'ensemble de l'organisation, ensuite: le nombre de bataillons de l'OTAN basés dans les pays de l'Est (États baltes, Roumanie, Hongrie, Slovaquie ou Bulgarie) a été nettement revu à la hausse, afin de constituer un mur plus dissuasif face à la Russie de Vladimir Poutine, et le nombre de troupes les constituant devrait être aussi largement augmenté.

L'OTAN, avec les États-Unis comme pivot, est par ailleurs désormais chargée de jouer un beaucoup plus grand rôle de coordination entre les politiques de défense de ses différents membres. Comme le note le New York Times, l'organisation est nettement plus intrusive quant à la constitution même de leurs budgets militaires: elle fait des analyses et des recommandations, et peut, dans le cas d'un «consensus moins un», forcer la main d'un pays auquel un armement manque cruellement.

Tous les aspects d'un conflit de haute intensité nécessitent une coordination et une planification importante, sur lesquelles l'OTAN se penche aussi de manière plus précise et réfléchie. Sa force militaire doit se transformer en une véritable petite armée intégrée, capable en tout temps de se battre seule dans tous les domaines imaginables, maritime, nucléaire ou cyber inclus.

Enfin, pointe le New York Times, la guerre en Ukraine a mis en exergue de grandes lacunes logistiques: par manque de trains ou du fait de procédures administratives trop lourdes, apporter rapidement et efficacement aide et matériel à Kiev s'est révélé plus complexe que prévu. C'est un autre point sur lequel l'OTAN, dont le commandement en Europe est assuré par le général Christopher Cavoli, travaille activement.

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