Ne plus savoir où donner de la tête et –pour les défenses antiaériennes une fois de plus bien passives, sinon absentes–, ne plus savoir où donner du viseur. Mardi 28 février, l'Ukraine a fait tomber sur des cibles situées en territoire russe une pluie drue de drones kamikazes, dont l'un d'eux s'est abattu à une centaine de kilomètres seulement de Moscou.
Il ne s'agissait donc pas une précaution de pacotille lorsque, il y a quelques semaines à peine, le Kremlin surprenait le monde et faisait rire l'Ukraine en installant d'imposants systèmes antiaériens Pantsir, sur les toits de bâtiments cruciaux de la capitale.
Russia has placed Panstir-S1 air defense systems on top of an administrative building in Moscow (55.74542, 37.65135) and the Russian MoD’s National Defense Management Center (NTsUO) on the Frunzenskaya Embankment. https://t.co/WlAM7QZlej pic.twitter.com/UG4yFv6tvX
— Rob Lee (@RALee85) January 19, 2023
Pantsir-S1 #Moscow #Pantsir pic.twitter.com/T5BoImeAEH
— Giant Military Cats (@giantcat9) January 19, 2023
Kiev est effectivement de plus en plus téméraire. Et ses attaques au-delà de ses frontières s'enfoncent de plus en plus profondément dans le territoire du pays qui cherche à l'annexer.
Le feu d'artifice du 28 février a commencé tôt le matin, lorsque des drones ukrainiens ont frappé un dépôt de carburant à Touapsé, située dans la région de Krasnodar; ainsi qu'une cible du même type dans la région de l'Adyguée.
Les autorités russes accusaient immédiatement l'Ukraine d'avoir commis les attaques, tout en précisant que les dégâts avaient été minimes –ce n'est pourtant pas ce que disent les images de l'impact, diffusées un peu plus tard sur les réseaux sociaux.
Il semble que des moteurs de jet aient été entendus lors de l'approche des drones de ces cibles proches de la mer Noire, ce qui semble pointer vers l'utilisation de vieux drones Tu-141 «Strizh» datant de l'ère soviétique, déjà utilisés en décembre lors de fameuses attaques sur les aérodromes d'Engels-2 et de Riazan.
A drone has hit an oil depot in the #Krasnodar region of #Russia.
— Tim White (@TWMCLtd) February 28, 2023
CCTV of the moment of the blast has been published in #Russia. It happened this morning at the coastal town of #Tuapse, which is midway between Krasnodar and Sochi.#StopRussia pic.twitter.com/BCVzMQlwcO
It was a loooong flight through Russian airspace before the Ukrainian drones hit the Russian oil depot in Tuapse. pic.twitter.com/FyAXkklqpt
— Visegrád 24 (@visegrad24) February 28, 2023
À cent petits kilomètres du Kremlin
Un peu plus tard dans la journée, c'est cette fois plus au nord et à l'est que les choses se passaient –et beaucoup plus près du cœur. Un drone ukrainien, probablement un UJ-22 de la firme Ukrjet s'écrasait à quelques dizaines de mètres d'installations énergétiques de Gazprom, à proximité du village de Goubastovo.
Ukrainian UJ-22 drone crashed near Gazprom compressor station just south east from Moscow this morning. It has an autonomous flight range of 800km and can carry 15-20kg payload pic.twitter.com/mP0TCcpzuH
— Dmitri Alperovitch (@DAlperovitch) February 28, 2023
Le drone a semble-t-il manqué sa cible finale et fini sa course dans la cime d'arbres situés à l'abord de l'usine du géant énergétique russe. Le message était néanmoins clair: Goubastovo est située à une centaine de kilomètres de Moscou, qui doit commencer à ne pas regretter l'installation des batteries antiaériennes tant moquée il y a quelques semaines.
En outre, ces événements correspondent à la diffusion radiophonique, dans différentes régions russes, de messages alertant d'une attaque aérienne imminente et demandant à leurs récipiendaires de se rendre de toute urgence dans l'abri le plus proche.
L'action de hackers ukrainiens a été pointée du doigt, mais il s'avère que le trafic aérien a un temps été suspendu dans la région de Saint-Pétersbourg, ce qui semble indiquer un véritable trouble du côté des autorités russes.
Et ce qui est présenté comme un exercice par les autorités a entraîné la fermeture de l'espace aérien de la région de Leningrad (St-Pétersbourg) pendant 2h ce matin. https://t.co/XWCxJg50s7
— Paul Gogo (@Paugog) February 28, 2023
Plus tard dans la soirée, c'est de nouveau dans la région de Krasnodar que les cieux s'illuminaient de rouge. Il était ainsi rapporté sur les réseaux sociaux qu'un aérodrome situé à Ieïsk (sur les bords de la mer d'Azov), servant de base pour les aéronefs menaçant quotidiennement l'Ukraine, avait à son tour été attaqué par des drones.
Home to Su-34s used against Ukraine. h/t @John_A_Ridge https://t.co/NZMtO8SQHB pic.twitter.com/Z0UsUzabYh
— Michael Weiss (@michaeldweiss) February 28, 2023
Explosions reported at Yeysk airbase in Krasnodar Krai, Russia, amid reports of an attack with drones pic.twitter.com/2HwyIWBtrm
— ELINT News (@ELINTNews) February 28, 2023
Toujours dans l'attente d'armes et projectiles à longue portée, comme les ATACMS, promis par la Grande-Bretagne mais que le Pentagone rechigne encore à offrir à Kiev, l'Ukraine fait donc avec les moyens du bord –certains, semble-t-il, fabriqués domestiquement et de conception très récente.
Mais comme elle l'a déjà fait ces derniers mois, elle a hier envoyé un message clair au Kremlin. En attendant une probable offensive au printemps, l'allonge de Kiev est de plus en plus longue et sa détermination à mettre de gros grains de sable dans la logistique et les ressources de l'envahisseur est de plus en plus marquée.