Nous en parlions début septembre, avant que les contre-offensives ukrainiennes dans l'est puis dans le sud du pays ne valident la qualité de ses armées comme celle de sa stratégie: l'Ukraine veut des ATACMS, et elle est prête à dévoiler beaucoup de choses pour les obtenir.
Des ATACMS? Pour «Army Tactical Missile System», il s'agit de l'acronyme donné aux MGM-140, des missiles sol-sol de haute précision et d'une portée de 300 kilomètres produits par Lockheed Martin.
Ils sont utilisables avec les Himars déjà fournis à Kiev par les États-Unis notamment, et qui pourraient permettre à l'Ukraine de frapper fort et, surtout, loin derrière les lignes russes. C'est justement là que le bât blesse et que les choses coincent.
Washington, pour l'instant, s'est refusée à livrer des ATACMS à l'armée ukrainienne, de peur que leur utilisation ne provoque une ire trop violente (radioactive?) de la part de Moscou, en particulier s'ils venaient à viser des cibles en territoire russe –la grande ville de Belgorod, par exemple, n'est pas si loin des positions ukrainiennes.
Pourtant, comme le rapporte CNN, Kiev continue à réclamer de toutes ses forces, et avec tous ses moyens, ces missiles miracles qui pourraient, soudainement, semer un chaos plus grand encore chez les troupes russes.
La peur de l'escalade
Ainsi, selon le média américain, Kiev fournit désormais dans une transparence la plus totale une liste précise et détaillée des cibles qu'elle compte annihiler grâce aux ATACMS qu'elle espère recevoir.
«Nous leur décrivons exactement les cibles spécifiques que nous avons besoin de détruire sur notre territoire, et qui ne sont pas atteignables avec le matériel dont nous disposons jusqu'ici. Les catégories de cibles sont claires et ne changent pas», assure un officiel de Kiev, qui parle notamment de la Crimée, que les États-Unis ont confirmé et répété considérer comme un territoire ukrainien.
«Nous avons donné des assurances que nous n'allons pas le faire et que nous ne le faisons pas» avec des Himars, indique la même source, en parlant de frappes en territoire russe. «Je pense que le problème pour les États-Unis est de passer une certaine barrière psychologique pour approuver la livraisons de ces ATACMS.»
Pour l'instant, Washington n'en démord pas: l'Ukraine doit (et sait) faire avec ce dont elle dispose déjà. «Nous pensons que nous fournissons à l'Ukraine une panoplie de capacités qui sont à la mesure de la guerre qu'elle livre, en ligne avec les besoins qu'elle a identifiés auprès de nous», expliquait récemment, de manière alambiquée, une haut-gradée du Pentagone nommée Sasha Baker.
«Nous pensons vraiment que les besoins les plus critiques pour l'Ukraine en ce moment sont les munitions GMLRS [Himars] qui peuvent atteindre presque toutes les cibles identifiées en territoire ukrainien», ajoutait-elle. De manière officieuse, un officiel américain confiait quant à lui à CNN que les ATACMS représentaient «des avantages faibles pour des risques élevés».