Un soldat ukrainien récupère les coordonnées des positions russes proches des lignes de front de Svatove et Kreminna, dans le Donbass, le 10 novembre 2022. | Virginie Nguyen Hoang / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Un soldat ukrainien récupère les coordonnées des positions russes proches des lignes de front de Svatove et Kreminna, dans le Donbass, le 10 novembre 2022. | Virginie Nguyen Hoang / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Réunion de Ramstein: l'impressionnante liste des armes demandées (et reçues) par Kiev

Peut-être un nouveau tournant, et un changement d'échelle.

Kiev le dit, le répète, ad lib, depuis le début du conflit: le seul moyen pour l'Ukraine de renverser la vapeur, de reprendre définitivement le dessus et de gagner la guerre que lui mène son voisin russe est l'apport militaire et technique massif de ses alliés.

Et si les livraisons d'armes ont progressé de manière plutôt graduelle, en quantité comme en puissance, des lance-missiles Javelin aux systèmes de défense antiaérienne Patriot, des Hummer aux chars lourds de combat Challenger 2, il semble que le conflit soit à un nouveau tournant, les tabous sautant les uns après les autres.

Exemple parmi beaucoup d'autres, le général américain à la retraite David Petraeus appelle à un transfert d'armes beaucoup plus important, pour une raison simple: selon lui, le président russe Vladimir Poutine est persuadé qu'il peut encore gagner la guerre et est prêt à y mettre tous les moyens, y compris des centaines de milliers de nouveaux mobilisés.

Kiev, de son côté, affirme que Moscou prépare de nouvelles offensives massives pour les prochaines semaines et prochains mois, possiblement sur tous les fronts. Y compris, au nord, depuis la Biélorussie, où le Kremlin pourrait être en train de masser secrètement des troupes, en dissimulant au renseignement ennemi leur déplacement dans des trains fermés.

Désireuse de bouter au plus vite l'envahisseur hors de ses frontières, l'Ukraine elle-même prépare de vastes contre-offensives, possiblement en Crimée mais aussi partout ailleurs. Et elle va pouvoir profiter d'un vaste mouvement de ses alliés en sa faveur, porté par l'appel de neuf nations européennes et que devraient accélérer les discussions à venir lors de la réunion de Ramstein, du nom de la base allemande sur laquelle elle doit se tenir, ce vendredi 20 janvier.

De nombreuses et importantes promesses ont déjà été faites ces derniers jours. L'une des plus spectaculaires est celle du Danemark, qui a annoncé transférer à l'Ukraine l'intégralité de ses canons autoportés Caesar, soit dix-neuf unités.

De leur côté, si les États-Unis ont dit ne pas prévoir la livraison de chars lourds M1 Abrams, dont la gestion sur le terrain serait sans doute compliquée par leur fonctionnement au kérosène, ils ont annoncé un nouveau package massif d'aide à l'Ukraine. Avec notamment cinquante-neuf véhicules de combat Bradley s'ajoutant à ceux déjà promis, et surtout l'annonce de la livraison d'une centaine de blindés de transport de troupes Stryker, celui-ci devrait significativement renforcer la mobilité et la puissance de frappe rapide des forces ukrainiennes.

Le Canada n'est pas en reste, annonçant de son côté la donation de deux-cents véhicules Senator APC, qui devraient eux aussi permettre des mouvements plus fluides et sûrs des troupes en jaune et bleu. Beaucoup (voire tous), en outre, ont annoncé l'envoi de nouvelles pièces d'artillerie, dont des canons Archer suédois et des AS-90 britanniques.

Liste de courses

Tout ceci forme une vague importante de donations. Quels peuvent donc être les autres questions et matériels négociés lors de la rencontre de Ramstein de ce vendredi? Sont concernés en premier lieu les blindés lourds. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, continue en effet de rechigner à livrer des «main battle tanks» Leopard 2, ou à autoriser ses alliés à le faire.

Il a d'abord affirmé qu'il ne se plierait pas à cette demande tant que Washington ne se lancerait pas. Le gouvernement américain se refuse de son côté, comme nous l'avons expliqué plus haut, à livrer des M1 Abrams pour des raisons techniques, mais a encouragé le chancelier allemand à passer outre ses réserves et à franchir ce pas qui a déjà coûté sa place à une ministre allemande de la Défense.

Les alliés, pourtant, trépignent. La Pologne, en particulier, qui a déjà fait un effort colossal en livrant plus de deux-cent-soixante chars soviétiques T-72 à l'Ukraine, souhaite former une coalition de nations prêtes à livrer rapidement une centaine de Leopard 2 à Kiev. Lasse d'attendre, elle pourrait décider de se passer du feu vert de Berlin pour passer à l'action. Les Pays-Bas, eux, ont annoncé accepter de prendre en charge une partie du coût financier de l'opération, en plus de la livraison d'un autre système de défense antiaérienne Patriot à Kiev.

En plus de ces centaines de blindés lourds dont elle a besoin, l'une des demandes les plus insistantes de Kiev concerne les armes à longue portée. Comme cela a été expliqué à de maintes reprises, ces dernières permettraient à l'Ukraine de frapper les troupes et nœuds logistiques russes les plus éloignés, de désorganiser les plans de Moscou et de préparer le terrain pour ses contre-offensives au sol.

Les États-Unis refusent toutefois toujours de livrer des ATACMS, projectiles utilisables par les Himars (si, du moins, ils ne sont pas bridés), d'une portée de 300 kilomètres et d'une précision redoutable. Sous-secrétaire américain à la politique de Défense, Colin Kahl a récemment laissé entendre que son gouvernement était conscient des besoins ukrainiens en la matière et que les discussions étaient encore en cours.

En revanche, les États-Unis devraient livrer à l'Ukraine une arme redoutable: les Ground-Launched Small Diameter Bombs (GLSDB), des bombes lancées au sol, propulsées par une petite fusée et équipées d'ailettes pour diriger leur chute, au guidage d'une précision absolue et, surtout, d'une portée de 150 kilomètres. En attendant d'hypothétiques ATACMS, elles pourraient faire des ravages dans les rangs et la logistique russes.

La fourniture de nouvelles défenses antiaériennes, un enjeu vital alors que Moscou continue de massivement viser la population civile et les infrastructures ukrainiennes, devrait également être au programme des discussions se tenant sur la base militaire allemande. Tout comme celle des munitions, autre point crucial dans la guerre qui oppose la Russie à l'Ukraine.

Nerf de la guerre, utilisées en quantité si colossale que les États-Unis cherchent à tripler leur production, elles doivent alimenter en continu l'armée de Kiev, alors que Moscou est aussi à la peine en la matière et fait, semble-t-il, appel à la Corée du Nord ou à l'Iran pour se fournir.

Le New York Times révélait ainsi, le 17 janvier, que Washington devait puiser dans des stocks situés en Israël ou en Asie, prévus dans l'éventualité d'un conflit local, pour continuer à fournir les forces ukrainiennes. Coordonner les efforts, immédiats comme futurs, semble donc primordial pour que l'Ukraine ne manque pas de munitions alors qu'elle s'apprête à se mettre en chasse.

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