Parmi les enseignements de la guerre initiée par la Russie en Ukraine, il y a la surprenante incapacité de la première, malgré sa force brute plus importante, à contrôler le ciel du pays, et l'étonnant talent de la seconde pour l'utilisation créative des drones en tous genres, des plus petits engins de loisir au désormais fameux Bayraktar TB2 turc.
Moscou, qui se prépare à une contre-offensive ukrainienne dans le sud du pays et qui ne progresse que petits pas par petits pas –si elle avance réellement– dans le Donbass, cherche donc à reprendre la main dans les airs.
Sa propre industrie de l'armement (comme sa propre industrie au sens large) est très dépendante de l'électronique occidentale et est donc paralysée par les sanctions mises en place par les États-Unis, l'Union européenne et leurs alliés. La Russie doit donc chercher des armes partout où elle le peut et parfois en rapatrier depuis d'autres théâtres de guerre comme la Syrie.
Supermarché de la mort
Pour les drones, nous rapportions il y a quelques semaines que Moscou, qui a récemment sondé la Turquie à ce propos, avait, selon Jake Sullivan, conseiller à la sécurité de la Maison-Blanche, passé commande de centaines d'appareils auprès de l'Iran. Des informations que Téhéran et Moscou ont démenti.
Pourtant, toujours selon l'administration Biden, et ainsi que le rapporte le Wall Street Journal, la transaction serait confirmée par le début de l'entraînement d'opérateurs russes par les experts de Téhéran.
Comme celle de la commande massive d'appareils iraniens, cette nouvelle information est issus de documents fournis par le renseignement américain, déclassifiés pour l'occasion. Si elle est exacte, il y a donc fort à parier que les cieux ukrainiens seront beaucoup plus disputés dans les prochaines semaines ou mois, avec toutes les conséquences que de tels matériels peuvent avoir sur ce qui se déroule au sol.
Comme le note le Wall Street Journal, l'industrie iranienne du drone militaire est l'une des plus avancées au monde. Les États-Unis, comme Israël, ont notamment accusé le pays d'avoir utilisé ses appareils pour mener des frappes contre des forces américaines en Syrie, des navires dans le golfe Persique ou pour viser l'industrie pétrolière saoudienne.
Conçues et fabriquées par la firme HESA, les deux stars iraniennes de l'aéronef sans pilote (mais avec armement) sont le Shahed-129, de longue endurance et volant à moyenne altitude (type MALE), capable de parcourir une distance de plus de 1.500 kilomètres, et l'aile volante et furtive Shahed-191, à la portée plus modeste mais aux missiles tout aussi létaux.
1/ QUICK THREAD on Iranian drones to Russia (summary of yesterday's Tweets): Did not see this coming. Thought that Russia would acquire Chinese drones, if anything. Possible Iranian candidates may include Ababil, Mohajer and Shahed varieties. https://t.co/hxZMpqm9rT pic.twitter.com/kp1SdJsGGj
— Samuel Bendett (@SamBendett) July 12, 2022
Multiple Loitering 'Suicide Drones' Shahed-136 from Iran 🇮🇷 launching from a truck. via @Ninja998998. @jpg2t785 @9b3OR2qdITMbDcdpic.twitter.com/b5YIDUyo5s
— Felix Woessner (@FeWoessner) December 25, 2021
L'Iran produit également des drones kamikazes nommés Shahed-136, d'une portée de 2.000 kilomètres et pouvant être utilisés en essaim, ou encore des appareils nommés Mohajer-6, cousins à bas coût du Bayraktar TB2. Un arsenal varié et autant d'appareils qui, entre des mains expertes, peuvent faire des ravages.