Nous rapportions courant juillet que la Russie, qui depuis le début de sa guerre d'invasion en Ukraine peine à rivaliser avec les drones civils comme militaires déployés par Kiev, et dont les sanctions occidentales handicapent la propre industrie, avait peut-être trouvé dans les drones iraniens un moyen de renverser quelque peu le cours des choses.
Informés par le Pentagone et le renseignement US, les médias américains rapportaient ainsi que Moscou avait trouvé un allié technologique de poids auprès de Téhéran.
La Russie aurait ainsi commandé à l'Iran des dizaines, peut-être des centaines d'appareils de divers modèles, notamment des Shahed-129 (concurrent du Predator américain), des ailes volantes Shahed-191 ou des drones kamikazes Shahed-136.
1/ QUICK THREAD on Iranian drones to Russia (summary of yesterday's Tweets): Did not see this coming. Thought that Russia would acquire Chinese drones, if anything. Possible Iranian candidates may include Ababil, Mohajer and Shahed varieties. https://t.co/hxZMpqm9rT pic.twitter.com/kp1SdJsGGj
— Samuel Bendett (@SamBendett) July 12, 2022
Les mêmes officiels occidentaux, des États-Unis ou de pays alliés et s'exprimant sous condition d'anonymat, rapportent désormais que les Russes ont commencé courant août leurs tests desdites machines.
Et qu'ils ne sont pour l'instant que moyennement impressionnés, les drones ayant été frappés de «nombreux dysfonctionnements», pour reprendre les termes utilisés par le Washington Post ou par Reuters.
Drone de guerre
«Nous pensons que la Russie compte utiliser ces drones iraniens pour conduire des attaques air-sol, de la guerre électronique et apporter une aide à la visée sur le champ de bataille ukrainien», a précisé l'un des officiels anonymes à propos de la poignée de Shahed et de Mohajer-6 qu'auraient déjà livré sur le terrain des gros porteurs iraniens.
Ainsi que l'explique le Washington Post, de tels engins permettraient à la Russie, qui dispose de nombreux drones de surveillance mais de moins d'appareils modernes et capables d'attaques de radars, de pièces d'artillerie ou de chars au sol, de reprendre un peu de sa supériorité en la matière à l'Ukraine.
«Il y a quelques bugs dans le système», a expliqué l'officiel cité plus haut, précisant que, selon ses informations, «les Russes ne sont pas satisfaits». Les Occidentaux observent les performances des appareils iraniens avec une grande attention.
Car s'ils sont réputés avancés et ont déjà servi dans divers conflits et attaques, notamment entre les mains des Houthis au Yémen et contre l'Arabie saoudite, du Hezbollah contre Israël ou contre une base américaine en Syrie, ils n'ont pas encore été engagés dans un conflit de grande ampleur technologique comme celui en Ukraine.
«Ces drones iraniens n'ont jamais opéré dans un environnement de défenses anti-aériennes sophistiquées», explique au WaPo Michael Knights, expert militaire pour le Washington Institute for Near East Policy.
«Ils se sont approchés de quelque chose comme ça lors d'attaques contre l'Arabie saoudite ou contre les bases américaines en Iraq, et ils n'ont alors généralement pas très bien fonctionné. Je ne serais donc pas surpris qu'ils subissent quelques problèmes dans un environnement plus intense comme celui de l'Ukraine.» La fourniture par les États-Unis à l'Ukraine de systèmes anti-aériens VAMPIRE devrait rendre les choses plus ardues encore pour les opérateurs de drones russes.
L'enjeu militaire pour la Russie est pourtant grand, sinon vital. Parce que son aviation peine à prendre le contrôle des airs et en l'absence de soutien technique et militaire de la part de la Chine, les drones iraniens sont les mieux placés pour tenter de détruire les fameux lance-missiles HIMARS américains, qui ont notablement permis à Kiev de reprendre un peu d'initiative face à son envahisseur.