Les fameux Bayraktar TB2. Les kamikazes dernier cri Switchblade, fournis par les États-Unis. Des drones de course FPV modifiés pour aller frapper vite et fort. Des vieux clous de l'ère soviétique comme les Tu-141, encore capables d'apporter le chaos loin en territoire russe, comme sur les bases militaires d'Engels-2 et Riazan (ouest de la Russie).
Des drones maritimes, héros en octobre dernier d'une très spectaculaire attaque du port de Sébastopol. Des drones chinois commandés sur Aliexpress, ou des milliers de ceux de la marque chinoise DJI, utilisés dans mille configurations différentes et capables de lancer de mortelles charges sur l'ennemi.
Et désormais... des drones en carton. Littéralement en carton. Voilà, comme le mentionne Interesting Engineering, le drôle de nouvel atout dans la manche des troupes ukrainiennes pour survivre à la guerre initiée par le voisin russe.
L'engin est nommé «Corvo Precision Payload Delivery System», ou PPDS, et est conçu par la firme australienne Sypaq Systems, avec l'appui financier de son gouvernement. La chose est, d'une certaine manière, la quintessence de l'important pan low cost de cette guerre qui, par ailleurs, met en œuvre mille coûteuses technologies.
Car si le prix réel de chaque unité n'a pas été révélé, il semble qu'il soit de quelques centaines de dollars à peine –moins, donc, que l'un des petits drones de loisir DJI utilisés en masse par les deux camps.
Ça cartonne
Merveille de low tech, le Corvo peut être transporté à plat, dans un emballage décrit comme proche d'une boîte à pizza –idéal pour la logistique. À l'intérieur de chacune de ces boîtes, les opérateurs trouveront son corps de carton rigidifié, ainsi que son moteur et ses instruments de vol, de quoi monter le tout sur place comme une vulgaire bibliothèque Ikea, ainsi que la petite catapulte qui sert à l'envoyer dans les airs.
Et s'il a été baptisé «Precision Payload Delivery System», soit «système de livraison de précision», ce n'est pas pour rien. Le Corvo est bien sûr capable d'observer les lignes ennemies et de nourrir le renseignement avant d'éventuelles frappes, mais il lui est également possible de larguer des petits colis dans des zones inaccessibles par d'autres moyens –munitions, nourriture, soins médicaux, etc.
Il peut aussi, au besoin, se transformer en une arme létale en bonne et due forme, en remplaçant ledit petit colis par une charge explosive. Il peut se guider par GPS lorsque c'est possible mais, le brouillage étant devenu permanent dans les cieux ukrainiens, il peut aussi compter sur un système de navigation inertielle pour trouver son chemin, et sa cible.
Selon Interesting Engineering, Sypa compte livrer une centaine de ces appareils en carton par mois à l'Ukraine, qui en a déjà envoyé plusieurs dizaines en mission. Prochaine étape, réussir à rendre mortels de simples avions en papier?