Une surveillance à faire pâlir d'envie Christian Estrosi. | Rebe Adelaida via Unsplash
Une surveillance à faire pâlir d'envie Christian Estrosi. | Rebe Adelaida via Unsplash

À Venise, surveillance de masse anti-touristes

Tous les moyens sont bons pour endiguer l’afflux de visiteurs.

Trente millions de touristes visitent Venise chaque année. Les 55.000 habitants du centre historique n'en peuvent plus des flâneurs qui envahissent les rues, qui jonchent les pavés avec leurs déchets et qui improvisent des pique-niques. Ils déplorent aussi la multiplication des boutiques de souvenirs et des chambres d'hôtes au détriment du nombre d'appartements.

La municipalité a déjà interdit les bateaux de croisière de plus de 25.000 tonnes dans le canal de la Giudecca et dans le bassin de Saint-Marc. L'instauration d'une taxe d'entrée variant de 3 à 10 euros en fonction la saison pour visiter le centre et les canaux est également à l'étude. Mais l'un des projets du maire conservateur provoque la controverse. Luigi Brugnaro souhaite généraliser le système de surveillance dans sa ville.

En 2020, à l'occasion du carnaval de Venise, trente-quatre caméras de surveillance ont déjà été installées pour contrôler en permanence le flux des visiteurs. Les données récoltées sont actualisées tous les quarts de seconde.

Les informations sont ensuite traitées par un logiciel intelligent qui peut localiser chaque personne à n'importe quel moment. À terme, ce système pourrait intercepter les données cellulaires afin de traquer les déplacements des baladeurs et de collecter des renseignements relatifs à leur profil: âge, sexe et pays d'origine.

L'objectif officiel annoncé par la municipalité est de prévenir les rassemblements et d'établir de la data sur le tourisme. La ville serait ainsi en mesure de prévoir où s'agglutinent les piétons en fonction de quels horaires afin de les détourner vers d'autres zones dans le souci de fluidifier les déplacements.

Pour vivre heureux vivons filmés

Les responsables municipaux assurent que ces données sont protégées par l'anonymat. Mais une telle surveillance de masse suscite l'inquiétude au sein de la population.

«Cette collecte de données soulève des questions éthiques, car les visiteurs ignorent très probablement que la ville achète leurs données de localisation», déplore Luca Corsato, gestionnaire de données à Venise, dans le New York Times. «De nombreuses villes achètent des données lors d'événements spécifiques, mais, à ma connaissance, Venise est la seule ville qui en fait une utilisation massive et constante.»

Les associations de commerçants se plaignent de la «mise sous cloche» de la cité des Doges. D'autres reconnaissent le côté inquisiteur du système, mais le considèrent comme un pis-aller. «Je n'aime pas l'idée d'être constamment surveillé. Mais si cela peut aider à endiguer les touristes, alors pourquoi pas», concède Cristiano Padovese, serveur dans un restaurant du centre.

Conseiller municipal et avocat, Marco Gasparinetti regrette par ailleurs que l'ensemble de ces mesures signent «la consécration de Venise comme un parc à thème dont l'accès est soumis au paiement d'un ticket. C'est humiliant pour la ville, pour ses habitants et pour les visiteurs». Big Brother menace-t-il de ternir l'image de romantisme qui contribue à faire la réputation de la Sérénissime?

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