Il est désormais de notoriété publique que nos activités sur internet sont suivies à la trace, afin d'établir un profil à revendre aux annonceurs. Depuis la mise en place du RGPD, le tracking est un peu plus transparent: les sites que nous visitons ont l'obligation de nous demander la permission d'activer les cookies.
Ce qui est moins connu et moins visible, en revanche, est la quantité astronomique de traqueurs qui nous suivent à la trace et enregistrent le moindre de nos faits et gestes en ligne.
La fondation Mozilla a déployé en septembre le blocage de ces traqueurs par défaut pour l'ensemble de ses utilisateurs et utilisatrices. D'après Selena Deckelmann, directrice technique de Firefox citée par Fast Company, le navigateur a déjà bloqué plus de 450 milliards de traqueurs depuis la mise en place de la mesure. Soit, lorsque réduit au nombre d'internautes, 175 par navigateur et par jour.
Des plug-in sont aisément disponibles, depuis longtemps, pour bloquer cookies et traqueurs, mais la grande majorité des internautes ne prennent pas le temps ou n'ont pas les connaissances nécessaires pour les activer.
La grande nouveauté ici est que la fonctionnalité est activée par défaut et pour tout le monde, sur un navigateur destiné au plus grand public. Firefox se pique en outre de pédagogie: il est possible de consulter la liste de tous les mouchards bloqués et de visualiser leur fonctionnement sous forme de graphique.
Apple précurseur, Google réfractaire
Les différents navigateurs ont des positions très différentes à propos des cookies. Safari a été précurseur dans le domaine, en bloquant automatiquement certains dès 2017 –ce qui avait à l'époque attiré à Apple les foudres des publicitaires. Safari n'est en revanche disponible que pour les propriétaires de produits Apple, contrairement à Firefox.
Google tient un discours bien différent au sujet de Chrome, son navigateur, le plus populaire du monde. Cet été, l'architecte en chef du logiciel, Justin Schuh, publiait un billet de blog dans lequel il expliquait être opposé au blocage de cookies de sites tiers.
Selon lui, cela encouragerait l'utilisation du «fingerprinting», une technique plus opaque encore –qui peut pourtant être bloquée par Safari et Firefox.
Son argument technique ne peut éclipser le fait que Google est, de très loin, la plus grande plateforme de vente de publicités en ligne, devant Facebook, Alibaba et Amazon.
Le billet précise d'ailleurs que «sans possibilité de proposer des publicités de qualité, les éditeurs de contenu perdent leur moyen de financement principal» –et la plateforme qui rend ce financement possible, une fructueuse source de revenus.