Dans un article publié sur Wired et adapté de son livre Doctor Dogs: How Our Best Friends Are Becoming Our Best Medicine, la journaliste Maria Goodavage imagine la scène suivante: vous vous promenez, paisiblement, dans un parc quelconque. Soudain, un chien agité vient à votre rencontre. Il porte une veste, fait glisser son museau sur un petit capteur et vous entendez une voix humaine dire: «Suivez-moi! Mon maître a besoin d'aide!»
Vous croyez à une plaisanterie, mais l'animal à quatre pattes effleure à nouveau sa veste et la phrase est répétée. Ahuri·e, vous vous décidez alors à suivre la bête, qui vous mène droit vers son maître ou sa maîtresse, pris·e d'un malaise.
C'est typiquement sur ce type de scénario et à ce genre de technologie que travaille depuis des années Melody Jackson, chercheuse à l'université de Géorgie aux États-Unis et responsable de l'Animal-Computer Interaction Lab ainsi que du projet Facilitating Interactions for Dogs with Occupations (FIDO).
Assistance vocale à personne en danger
Les cas imaginés sont nombreux: les chiens aident voire sauvent les êtres humains dans de très multiples situations. Il y a, bien sûr, les chiens guides d'aveugle ou les «chiens écouteurs». D'autres camarades à quatre pattes peuvent être entraînés à détecter des hypo ou hyperglycémies chez leurs maîtres·ses diabétiques. Le leur signaler clairement et à temps peut leur permettre d'esquiver des conséquences qui pourraient se révéler graves. Même chose pour les épileptiques. L'annonce d'une crise peut donner le temps à la personne qui en est victime de se mettre en lieu sûr pour que l'animal, doté de sa voix humaine, puisse aller chercher de l'aide.
Il est également fait mention de compagnons capables de comprendre à quel moment l'enfant qu'il assiste, atteint d'un trouble autistique, s'enfonce dans une crise et a besoin d'un soutien affectif immédiat. En supplément de signaux physiques clairs, un: «S'il te plaît, caresse-moi!» pourrait capter son attention et l'aider à se calmer.
Les fins renifleurs assistent aussi les forces de sécurité. Ils savent reconnaître un explosif instable (le tristement célère TATP) d'un autre plus classique (le C4) –prévenir vocalement les démineurs pourrait leur éviter quelques sombres surprises.
Technologiquement, les choses passent pour l'instant par un prototype de veste, dotée de quelques capteurs que le chien peut effleurer du museau ou mordre pour provoquer la phrase que son entraînement le pousse à estimer nécessaire. La même équipe travaille sur un collier à reconnaissance de mouvements, qui pourrait élargir la palette des expressions utilisables.
Des écrans tactiles sont imaginés, éventuellement pour suppléer, à la maison, à une veste non portée. Maria Goodavage a pu voir Sky, le chien de Melody Jackson, aller composer de son museau le 911, numéro d'urgence américain, après que celle-ci a simulé une alerte.
Le potentiel semble infini. Et si les équipe de recherche ne travaillent pour l'instant que sur des scénarios d'urgence, d'autres applications pourraient vite être imaginées par des entrepreneurs au nez creux.