C'est un outil brillant qui pourrait avoir son importance dans la lutte contre la propagande du Kremlin quant à la guerre en Ukraine et pour percer, message après message, l'imposante chape de plomb tombée sur l'information et l'expression publique en Russie.
Comme le rapporte notamment le Wall Street Journal, une équipe de développeurs polonais nommée Squad303 a réussi à mettre la main sur 20 millions de numéros de téléphone et 140 millions de courriels appartenant à des citoyens et citoyennes russes.
Ils ont ensuite mis en place une plateforme, accessible via 1920.in, permettant à quiconque possédant une connexion internet d'envoyer un message sur la guerre en Ukraine et ses réalités à une personne aléatoire, de l'autre côté du rideau de fer 2.0 baissé par le Kremlin.
Un message à la fois
Comparant le projet à la Radio Free Europe de l'ère de la Guerre froide, un porte-parole de Squad303 explique que le but est de «percer le mur numérique de la censure de Poutine et de s'assurer que les Russes ne sont pas complètement coupés du monde et de la réalité de ce que leur pays est en train de faire en Ukraine».
This is crazy. The person questioned me being American so I had to prove it. I’ve sent over 200 messages thanks to @squad3o3 to Russian cell phones. This one got me, it roughly translates to “it’s terrible in Russia” @xxNB65 @YourAnonNews @xenasolo @ZelenskyyUa got a new friend🙏 pic.twitter.com/UOunxs2aIJ
— Mr. T aka Masta Chef/CireX14 (@titancrawford1) March 6, 2022
Le WSJ a interrogé quelques utilisateurs du site, dont Titan Crawford, un vendeur de camions de Portland, dans l'Oregon, qui dit avoir envoyé plus de 2.000 messages depuis la mise en place de la plateforme. Une grande majorité de ses missives sont restées sans réponse, certaines ont engendré des réactions plutôt belligérantes, mais l'Américain explique avoir pu discuter au calme de la situation avec une quinzaine de personnes.
Le journal américain note cependant que la manœuvre pourrait comporter des risques pour les récipiendaires russes, dont les téléphones pourraient être saisis et analysés par les redoutables forces de police du pays.
Mais d'autres, comme Thomas Kent, ancien président de Radio Free Europe, expliquent que le mouvement devrait être plus massif encore et que l'occident a une responsabilité morale dans le contournement des mesures très strictes mises en place par Moscou pour contrôler l'information mise à disposition du peuple russe.
Comme d'autres et à cette même fin, la BBC a d'ailleurs récemment annoncé recommencer à diffuser en ondes courtes, l'un des rares canaux encore facilement accessible aux personnes souhaitant s'informer sur le monde sans subir le récit construit par Moscou autour de son invasion de l'Ukraine.