Autant directement passer au 4.0, non? | Shubham Dhage via Unsplash
Autant directement passer au 4.0, non? | Shubham Dhage via Unsplash

Le Web3 est-il l'avenir d'internet ou un nouveau «buzzword»?

Censé s'affranchir du pouvoir des GAFA, il sert surtout les intérêts de ses créateurs.

Au départ, on avait le bon vieux internet 1.0, qui consistait principalement à consulter des sites web statiques en HTML sur un mode passif. Dans les années 2000 a débarqué le Web 2.0 et ses réseaux sociaux, sur un mode participatif où chaque internaute devient lui-même producteur de contenu.

Ce Web 2.0 s'est malheureusement fait au prix d'une centralisation des données chez les grandes plateformes (Google, Facebook, Amazon…). Alors, pour les puristes, il faut d'urgence réinventer un «Web3» (où le 0 a curieusement disparu), un internet décentralisé basé sur la blockchain.

Les applications construites sur Web3 ne seront pas la propriété d'un acteur central, mais appartiendront aux utilisateurs eux-mêmes, qui seront récompensés de leur participation en aidant à développer et à maintenir ces services.

Comme le résume le confondateur d'Ethereum, Gavin Wood, qui a inventé le terme en 2014, le Web3 c'est «moins de confiance et plus de vérité». Un slogan qui, il faut bien l'avouer, sonne un peu creux –même Jack Dorsey, ex-patron de Twitter et grand apôtre des cryptos, a récemment fait part de ses doutes.

Dans le Web3, on trouve ainsi tout un tas de nouveaux buzzwords comme les cryptomonnaies, les NFT, les OAC (organisation autonome décentralisée) ou le metaverse, ce joyeux univers où chacun vit, joue et travaille ensemble.

Beaucoup de personnes utilisent pourtant déjà ce Web3 sans le savoir, fait valoir Olga Mack, entrepreneuse et conférencière sur la blockchain à l'université de Californie à Berkeley. «Vous n'avez pas besoin de savoir comment fonctionne l'électricité pour comprendre ses avantages. Il en va de même pour la blockchain», assure-t-elle au site NPR.

Derrière le Web3 affleure surtout l'idéologie libertarienne, qui prône un affranchissement total des États, entreprises et institutions. Au départ, le Bitcoin avait ainsi pour but de contourner les banques centrales, accusées de dévaloriser la monnaie via une émission massive de titres. Dans la même idée, le prochain film de Martin Scorsese ne sera pas financé par une boîte de production mais via des NFT par ses milliers de fans.

Perlimpinpin 3.0

Pour ses détracteurs, le Web3 n'est pourtant que de la poudre aux yeux. «Au lieu d'avoir beaucoup d'applications et de sites différents, nous allons tout mettre sur les blockchains, ce qui place tout au même endroit», souligne James Grimmelmann, professeur de droit et de technologie à l'université Cornell aux États-Unis.

De plus, les services Web3 soi-disant décentralisés risquent fort d'être repris par les grandes plateformes elles-mêmes. Plutôt que d'avoir une version cryptographique et indépendante de Twitter, Twitter ajoutera lui-même des fonctionnalités cryptographiques à son service et récupèrera ainsi les données à son profit.

«Le Web3 se dit décentralisé, mais ses communautés sont en fait gérées par des insiders et hébergées sur Amazon Cloud Service», raille le collectif Yesterweb qui prône un web plus créatif et plus social.

«Beaucoup de gens ont de l'argent à investir sur internet. Ils ont juste besoin d'une vision et d'un idéal pour justifier leurs dépenses», résume James Grimmelmann.

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